Jurichan~ Puppies Eyes

Les rencontres sont des choses étrange. On ne sait jamais quand elles vont nous pousser dans les bras de quelqu'un, ni si ce qui suivra sera bon ou mauvais. Par exemple, rencontrer, au détoure d'une rue, une jolie jeune fille alors que vous êtes justement célibataire à des chances de déboucher sur une ribambelle de jolis bambins tous plus adorables les uns que les autres. Croisé un type louche dans une ruelle sombre alors que vous êtes dans l'incapacité de courir et lui armé jusqu'aux dents a de fortes chances de finir en bain de sang. En revanche, rencontrer un nez d'1m90 portant votre pull préféré avec un lama dessus indique simplement que vous n'êtes pas dans votre état normal, arrêtez la drogue. Et rencontrer un mec à moitié à poil, une bouteille d'absinthe à la main, une clope au bec, sur le toit de l'école, passé minuit indique surement que la nuit risque d'être longue.

Franchement, c'est plus fort que moi, il faut toujours que je me mette dans ce genre de situation impossible. Un de ces jours, on va me retrouver agonisant dans un coin avec un couteau planté dans le ventre. M'enfin bon, je dis ça mais je fini toujours par y revenir. À croire que je suis vraiment idiot... Chut, ne dites rien. Je sais. Ça a toujours été comme ça. Petit déjà, mes frères passaient leurs temps à se jouer de moi avec ça. J'entends par là que j'étais trop influençable, mais surtout, je n'avais aucune conscience du danger. Sachez que je suis déjà resté deux jours enfermé dans un placard à cause de leurs conneries. J'ai aussi échappé de justesse à une noyade, trois intoxications et plusieurs morsures de serpent. Quelle idée aussi d'avoir un reptile qui peut être mortel comme animal de compagnie. M'enfin bon, mes parents trouvaient ça cool alors peut importe qu'il croque un enfant ou deux. Parfois, je me dis que leur indifférence ressemblait plus à de la stupidité. La bestiole s'appelait Kami et passait son temps à me courir, ou plutôt ramper, après. Encore aujourd'hui, je me demande si se n'étais pas sa façon de montrer son affection... Quoi que. Heureusement pour moi, il est mort relativement jeune et dans d'étrange circonstance. Il me semble que l'un de nous l'avait coincé dans le congélateur et qu'on ne l'a retrouvé que l'été suivant... Forcement, on ne mettait que la glace dans ce congelo.  

Putain, il pèle. Je frisonne, le froid me ramène sur terre. C'est pas le moment d'être nostalgique. Pas avec ce gars qui a la tête de celui qui vient de voir quelque chose de très très effrayant... Comme une piscine de mygales. Brrrr, pourquoi je pense à ça, moi ? Je déteste les araignées, ou plutôt, elles me terrorisent. C'est vrai quoi, regardez les, avec leurs longues pattes velues, leurs crochets et leurs yeux qui sont bien trop nombreux pour être tous utile... Elles n'ont rien d'attirantes, elles sont juste flippantes ! Il y a toujours des malins pour dire que c'est idiot, que la petite bête ne mange pas la grosse. Mais imaginez une seconde qu'une de ses bêtes soit de taille humaine, vous feriez comme tout le monde, vous vous sauveriez. Oups, une fois de plus, je m'égare. Qu'elle est le rapport entre ma situation et une araignée déjà ? Ah oui, la piscine. Et ce mec étrange.

Maintenant que j'y pense, il y a quelque chose de curieux chez lui. Sa position, son attitude peut être... Attend, il vient de se lécher le bras, là ? Je fixe le membre en question et constate qu'il est blessé. Me voilà encore tombé sur un malade. Du sang s'écoule assez rapidement des plaies pour venir colorer les graviers gris. Comment s'est-il fait ça ? À bien y regarder, les petites coupures qui orne son poignet ressemblent fortement à celle que laisserai une lame de cutter sur son passage. Mutilation. Pourquoi ? Qui est-il ? J'aimerais m'approcher, l'aider, comprendre. Mais quelque chose me pousse à l'observer davantage. Mon regard se promène sur sa personne quelque instant. Mmh, grand, pas très épais mais pas squelettique non plus, âgé d'environ 25 ans... Puis alors qu'il s'attarde son visage, un bruit me fait enfin comprendre. Mais bien sûr ! Ses cheveux légèrement dressé sur sa tête. Ses pupilles presque invisibles. Son échine courbée. Son corps ramassé sur lui-même. Ce feulement. Autant de caractéristique typiquement féline. Mon dieu, ce type est un chat. Chat. Ce mot résonne dans mon esprit, inhalant toutes autres pensées. Chat, chat, chat. Je n'ai plus qu'une envie, m'approcher de lui, le toucher. À cet instant, l'idée qu'il puisse être dangereux ne m'effleure même pas. C'est un chat. Chat, chat, chat. Rien d'autre ne compte. Mon dieu, il est tellement mignon. Je veux le soigner. Oui, j'ai l'air complètement cinglé... Mais c'est le cas. J'amorce un mouvement dans sa direction mais sa voix paniquée me stop. Je reprends quelque peu mes esprits. Suffisamment pour l'entendre. Une question. Ce que je fais là ? Qu'est-qu'on en a à faire. Et puis, je ne vais pas lui répondre que je l'ai suivi jusqu'ici. Il me frapperait, ou pire, prendrais la fuite. Oh non, j'en ai pas fini avec lui. Je dois trouver autre chose. Mais actuellement, mon cerveau est complètement vide. Pourtant, il attend une réponse. J'avale ma salive avec appréhension. Allez !

- Heuu... Je... Je voulais prendre l'air.

Prendre l'air, sérieusement ? Il ne croira jamais ça. Car d'une, le toit est interdit aux élèves. Et deux, il y a tellement d'autres endroits ou prendre l'air, qu'es-ce que je foutrais là ! Je ferme les yeux. À cet instant, je voudrais me taper la tête contre le mur. Mais celui-ci est hors de porté. C'est donc la paume de ma main qui rencontre brutalement mon front. Le choc produit un claquement qui reste une seconde en suspend dans l'air avant de s'évanouir dans la nuit.

Clap ~