Présentation de Lucy

Tuer... il n'y avait que cela qui comptait en cet instant pour Mélinda. Une envie sans limite lui broyait les tripes, son coeur battait à tout rompre sous ses tempes, ses poings étaient serrés devant ses genoux, maltraitant un pauvre verre en plastique innocent. Elle ne pourrait plus résister encore longtemps à cette interminable réunion. Il était 21h et la nuit commençait doucement à tomber, accueillant avec elle les pulsions meurtrières de Mélinda, prise au piège dans une salle avec de vieux représentants près à tomber. Elle était comme un fauve enfermé dans une cage, n'ayant pas assez de place pour se retourner. Pourquoi s'était-elle portée volontaire en tant que servante ici. Si elle avait su que cette conférence durerait aussi longtemps, elle n'aurait jamais acceptée. Elle se tenait debout au fond de la salle, adossée à une table. Elle portait une robe rouge arrivant aux genoux, légèrement décolletée, des chaussure à talons de la même couleur et avait attaché ses cheveux en queue haute. Le bruit du gobelet qu'elle provoquait avec son exaspération ne sembla pas plaire à certains.


- Mademoiselle je vous prie, veuillez cessez ce carnage, ce gobelet ne vous rien fait il me semble. Allez plutôt servir nos invités avant qu'ils ne meurent de soif.


- Si seulement il pouvait mourir. Marmonna la jeune femme


Elle lança son verre dans une poubelle et attrapa un plateau sur lequel elle déposa les boissons. Puis, s'efforçant de sourire et d'être aimable, elle fit le tour de la salle. Certains la dévisageait avec envie mais elle se pressait de les assassiner du regard. Si un seul tentait de lui toucher ne serait qu'une minuscule parcelle de peau, il était certain qu'il rencontrerait Mëris avant l'heure.


Finalement, au bout de trente minutes, la séance prit fin, libérant avec elle Mélinda qui se rua dehors prendre l'air et rentrer chez elle. Une fois dans son appartement, elle se jeta sur le canapé, attrapa un cousin et enfouit sa tête dedans pour étouffer son cri.


- Calme toi Mélinda ! dit Tëlya en sortant de la bague


- Non, je ne peux pas ! C'est impossible.


Elle se leva et fit les cent pas dans le salon, allant et venant entre la fenêtre et la cheminé. La marque rouge était apparu sur son front, signe que la malédiction faisait son oeuvre. Elle était dans un état de manque absolue, de la même manière qu'un drogué en manque de sa dose. Il est rare qu'elle se retrouve dans cette situation, mais la réunion, combiné au stress de la journée, n'avait fait qu'empirer les choses et l'empêchait de se contrôler. Subitement, elle alla dans sa chambre.


- Qu'est ce que tu fais ? questionna la jument


- Je ne tiens plus, je dois y aller.


- Il est trop tôt encore ! gronda Tëlya


- Je m'en moque ! répliqua Mélinda tout en enfilant son costume


- Tu vas te faire repérer ! insista l'invocation


- Tu ne comprends donc pas ? cria l'assassin. Si je n'y vais pas, c'est toi qui risque de tout prendre !


Elle s'arrêta subitement. Non, jamais elle n'aurait pu faire du mal à Tëlya, c'était juste impossible. Cette dernière baissa la tête et ne rajouta rien.


- Je suis désolée Tëlya, mais je dois le faire.


Et sans dire un mot, Mélinda se glissa par la fenêtre et sauta sur les toits. Par chance, il faisait déjà nuit, la nuit tombait encore relativement tôt en cette période de fin d'hiver. Elle s'arrêta dans une petite ruelle deserte où se trouvait la porte d'entrée de la demeure de sa victime, quand elle entendit le craquement d'une branche. Elle sursauta et se plaqua contre le mur. Au bout de la rue, elle remarqua un homme dont le visage était caché par une capuche noire finissant en cape recouvrant son corps. L'homme, ou la femme, car en fait elle ne savait pas, resta un moment immobile a contempler la ruelle, puis continua son chemin. La jeune femme soupira de soulagement et poussa lentement la porte pour entrer. Sa victime était un vieil alcoolique qu'elle avait repérer à la taverne et qu'elle avait listé dans ses victimes potentielles en cas de manque comme ce soir. Sa disparition passerait inaperçue. L'homme était affalé dans un fauteuil, la tête penchée en arrière, la bouche ouverte et les bras pendant de chaque côté du siège, une main tenant fermement une bouteille qu'il lâcha au moment ou Mélinda arriva. Était il déjà mort ? Ou bien dormait il ? La jeune femme s'approcha furtivement et tendit l'oreille. Il dormait, mais pas pour longtemps. Il se réveilla d'un bond et lorsqu'il vit Mélinda, il se redressa en panique.


- Vous êtes qui ? Vous faites quoi chez moi ?


Il leva sa bouteille en l'air, menacant Mélinda et se rua sur elle. Elle évita et le poussa au sol avant de poser sa jambe sur le ventre du vieillard et d'enfonçer lentement son pied.


- J'ai besoin d'assouvir ma soif. répondit elle froidement



- Votre soif ?

Mélinda ne répondit pas. Elle tendit les bras sur les côtés et ses deux chaînes apparurent en lévitation dans les airs, pointant leurs lames vers l'alcoolique. Ce dernier ouvrit de larges yeux mais n'eu pas le temps de parler. Les lames vinrent s'enfoncer de part et d'autre de sa chair. Mélinda se redressa et inspira profondément l'odeur de sang qui embaumait désormais la pièce. Elle tendit les bras et le corps se leva dans les airs. Les chaînes s'enroulèrent autour de lui jusqu'à le couvrire entièrement, puis l'enlacèrent avec force. Quand elles s'enlevèrent, le corps avait disparut. L'assassin se sentait désormais mieux, du moins son envie avait diminuée. Elle sortie par la porte donnant sur le ruelle et au moment de tourner, elle tomba nez à nez avec l'inconnu vêtu de noir. Elle sursauta et retenu un cri de surprise. La ruelle étant étroite, Mélinda ne pouvait pas passer, et si elle faisait demi tour, elle tombait dans la rue piétonne largement fréquentée.


- Mélinda Rider. souffla une voix grave et sombre